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Etats-Unis : Biden veut soigner son bilan et son image pendant le discours sur l’état de l’Union


Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche à Washington, États-Unis. /Photo prise le 5 mars 2024/REUTERS/Evelyn Hockstein

par Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) – Joe Biden entend mettre à profit son quatrième discours sur l’état de l’Union, jeudi soir, pour accentuer le contraste avec Donald Trump, tout en mettant en valeur son bilan économique et en tentant de rassurer les électeurs sur son âge à huit mois de l’élection présidentielle.

Le discours annuel du président des Etats-Unis devant les deux chambres du Congrès aura lieu à 21h00 à Washington (02h00 GMT vendredi) et sera retransmis en direct à la télévision.

Pour Joe Biden, il s’agit d’une occasion unique de tenter de convaincre les électeurs qu’il demeure la meilleure alternative à un retour au pouvoir de Donald Trump, promis à l’investiture républicaine après le retrait de Nikki Haley des primaires au lendemain du “Super Tuesday”.

Les sondages donnent Joe Biden, 81 ans, et Donald Trump, 77 ans, au coude-à-coude aussi bien au niveau national que dans les “swing states”, ces Etats qui votent tantôt démocrate, tantôt républicain, où l’issue du scrutin du 5 novembre se jouera encore une fois cette année.

Cette répétition du scrutin de 2020, dont une forte majorité d’Américains n’ont cessé de répéter sondage après sondage qu’ils ne voulaient pas, laisse planer une grande incertitude sur le niveau de mobilisation.

Pour convaincre les électeurs démocrates, mais aussi les indépendants et les républicains modérés susceptibles de voter pour lui, Joe Biden va se présenter une nouvelle fois devant le Congrès en protecteur de la démocratie face à un Donald Trump qui continue d’affirmer contre toute évidence que l’élection de 2020 a été truquée et qui menace de jeter en prison quiconque s’opposera à lui.

LE DROIT À L’AVORTEMENT, ARGUMENT ÉLECTORAL

Le président sortant va aussi s’engager à protéger le droit à l’avortement, sérieusement remis en cause par une décision de la Cour suprême, à majorité conservatrice depuis le précédent mandat de Donald Trump, et par un certain nombre d’Etats dirigés par les républicains. L’argument a permis aux démocrates de remporter de nombreux scrutins locaux et législatives partielles ces dernières années.

“Nous avons l’intention de rappeler aux électeurs le chaos et les dégâts durables causés par Trump en tant que président”, souligne l’équipe de campagne de Joe Biden.

Joe Biden compte se présenter en défenseur des classes moyennes durement frappées par l’inflation. Il va soumettre au Congrès une nouvelle proposition visant à relever le niveau d’imposition minimum des entreprises et des Américains dont la fortune dépasse 100 millions de dollars.

Une telle réforme fiscale a peu de chances d’aboutir, à moins que les démocrates n’obtiennent la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, en plus de remporter la Maison blanche en novembre prochain.

Pour démontrer son engagement en la matière, Joe Biden entend cependant rappeler son soutien aux syndicats du secteur automobile, qui ont obtenu de fortes revalorisations salariales, ainsi que ses succès législatifs en matière d’infrastructures ou de production de puces informatiques – un secteur qui a porté la Bourse de Wall Street ces derniers mois, rassurant les nombreux Américains qui bénéficient d’une retraite par capitalisation.

Selon un de ses collaborateurs, le président américain va aussi insister sur la place des Etats-Unis dans le monde en l’illustrant par son soutien à l’Ukraine et Israël, nouvelle occasion pour lui de demander à la Chambre des représentants, dirigée par le trumpiste Mike Johnson, de voter enfin l’aide de 95 milliards de dollars destinée à ces deux pays et à Taïwan.

Joe Biden répondra ainsi directement à Mike Johnson, qui lui a reproché mercredi d’avoir affaibli l’économie américaine et la réputation des Etats-Unis dans le monde.

ÉVITER TOUT LAPSUS

L’économie américaine se porte pourtant beaucoup mieux que celle des autres pays développés, avec une forte croissance de l’emploi, des salaires et des dépenses de consommation malgré la persistance des taux d’intérêts élevés imposés par la Réserve fédérale pour juguler l’inflation.

“C’est un président qui a fait plus en trois ans que ce que la plupart des présidents ont accompli en deux mandats”, a fait valoir mercredi la porte-parole de la Maison blanche, Karine Jean-Pierre.

Malgré ce bon bilan, une majorité d’Américains dit faire davantage confiance à Donald Trump pour gérer l’économie.

Joe Biden va aussi devoir remobiliser les minorités, en particulier les Afro-américains, alors qu’une organisation de défense des droits civiques, la NAACP, l’a appelé à présenter un solide projet d’action en faveur des droits électoraux des Noirs, souvent bafoués dans les Etats à majorité républicaine, ainsi qu’une réforme de la justice pénale pour la rendre plus égalitaire.

Au-delà de son programme, Joe Biden doit rassurer sur ses aptitudes physiques et cognitives après une série de lapsus et faux-pas dont les vidéos sont abondamment diffusés par les équipes de campagne des républicains et leurs soutiens. Chacun des propos et gestes du président sortant sera observé de près pendant son discours d’au moins une heure au Congrès.

Il risque de devoir faire face à une assistance qui cherchera à le déstabiliser, à l’image des élus du courant trumpiste “MAGA” (“Make America Great Again”) qui l’avaient bruyamment chahuté pendant son discours sur l’état de l’Union l’an dernier.

“C’est une opportunité pour lui de vraiment se projeter (sur l’élection) et éventuellement d’apaiser certaines inquiétudes concernant son âge”, souligne l’historien Thomas Alan Schwartz, spécialiste de la présidence américaine et professeur à l’université Vanderbilt.

(Avec les contributions de David Lawder et David Morgan ; version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)

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